Les fromages


Fromage

On y dénombre plus de 400 variétés que l'on a coutume de classer en huit familles.


Le fromage : spontanément né du caillage du lait laissé à l'air libre ?

Ou découvert par hasard en Mésopotamie, à la fin du néolithique, par un berger ayant oublié du lait dans sa gourde, laquelle, faite de la caillette d'une jeune chèvre, contenait de la présure ?...


Les fromages fondus

Si l'histoire des produits laitiers se confond avec celle de l'humanité, celle des fromages fondus est beaucoup plus récente. Les athlètes romains, dont le menu se composait de gruau, de figues et de fromages, ne connaissaient pas ce type de produits ! Car ils ne sont apparus qu'avec le début de notre siècle.

Les premiers essais de fonte eurent lieu en Europe, dès 1908 : en pays de montagne, avec des fromages à pâte pressée cuite.

En 1911, la société suisse Gerber commercialise, la première, un fromage fondu à base d'emmental. Un procédé inventé par Walter Gerber et Fritz Stetter permet de transformer la pâte finement granuleuse en une émulsion stable. Le but : obtenir des fromages de longue conservation. Avec les dernières années de la Grande Guerre commence l'industrialisation de ce nouveau type de fromages.

En 1917, les frères Graf créent la première usine en Europe, à Dôle (Jura).

En 1929, la découverte des polyphosphates, comme sels de fonte émulsifiants, signe l'essor des fromages à tartiner. De nouvelles textures sont possibles. Apparaît alors une nouvelle génération de fromages fondus.
Grâce aux portions individuelles, elle anticipe sur un mode de consommation aujourd'hui devenu courant : le grignotage. Prédestinées à la dégustation au grand air, les célèbres portions triangulaires, dans leur habit d'aluminium, partent à la conquête du monde. Elles sont savoureuses, pratiques, voyagent et se conservent remarquablement...

Avec les années, les techniques de fabrication n'ont cessé d'évoluer. Les fabricants font preuve d'audace et d'imagination, maîtrisant de mieux en mieux les process.

Aujourd'hui, les fromages fondus sont élaborés à partir de différentes sortes de fromages, auxquels on ajoute d'autres ingrédients : lait, crème, beurre, épices, arômes...

Pour les conditionnements sont apparus à côté des triangles des formats carrés et cylindriques.

  Tandis que les fromages à tartiner se mettaient en boîte ou en barquette, de petites bouchées vinrent occuper un terrain jusque là peu fréquenté par les fromages : l'apéritif.
Enfin, les fromages fondus se sont taillés une place importante en restauration collective.

Lentement mais sûrement, la benjamine des familles de fromages s'impose sur la table.

La fabrication

La principale matière première des fromages fondus est le fromage, auquel on associe souvent d'autres produits laitiers. Les fromages appartiennent généralement aux pâtes pressées, cuites ou non cuites.
Tout l'art du maître-fondeur se trouve dans la sélection et le dosage harmonieux des matières premières.

Le processus de fabrication, caractérisé par un haut degré de mécanisation, comporte plusieurs phases :

Préparation des fromages, qui sont mécaniquement écroûtés, découpés, râpés et broyés ;

Dans de grands mélangeurs, association de plusieurs variétés de fromages, d'autres produits laitiers (crème, beurre, lait liquide ou en poudre, lactosérum, caséine..) et de sels émulsifiants : les sels de fonte.

On peut aussi leur adjoindre des épices ou des aromates. Pour obtenir une pluralité de goûts, on associe souvent des fromages jeunes à la saveur fraîche à des fromages affinés qui apportent la saveur finale de leur note spécifique. On peut aussi enrichir la pâte d'une multitude de saveurs : noix, jambon, olives, champignons, poivre, fines herbes, oignon, fruits de mer, viandes...
 
La cuisson et le brassage permettent d'obtenir ensuite une pâte homogène et onctueuse.

La pasteurisation simple est destinée aux fromages distribués en climats tempérés, selon un circuit court ; on utilise la stérilisation pour les produits qui devront se conserver plus longtemps.

Le conditionnement s'effectue automatiquement : le fromage est coulé, mis en forme soit dans des moules, soit directement dans son emballage définitif. On le trouve dans le commerce en portions triangulaires, cylindriques, carrées, en fines tranches, en cubes...

Le principal secret de l'émulsion à partir de laquelle sont élaborés les fromages fondus tient dans les sels de fonte. Ils favorisent l'homogénéité et la stabilité du mélange de la matière grasse et des protéines pour obtenir un produit onctueux. En découpant la chaîne des protéines, ils en améliorent la digestibilité.

Il existe plusieurs sels de fonte, définis par la réglementation communautaire, qui contribuent à diversifier la gamme des fromages fondus :

Parmi les fromages fondus, la cancoillotte mérite une mention particulière.
Cette spécialité franc-comtoise traditionnelle est issue du metton, un fromage de lait de vache écrémé, longuement affiné.
Les grains de metton, très durs et odorants, sont mélangés et cuits avec de l'eau salée, du beurre frais et du vin blanc.
La cancoillotte se déguste tiède, nature ou à l'ail. Elle est conditionnée dans des petits pots en carton ou en plastique

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 définit ainsi les fromages fondus : "les produits obtenus par la fonte d'un fromage ou d'un mélange de fromages, avec addition éventuelle d'autres produits laitiers". Sous certaines conditions, épices et aromates sont autorisés. Il est aussi possible d'ajouter d'autres ingrédients (noix, jambon, olives...). L'étiquette doit les mentionner par ordre de quantité décroissante.
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre1953.

Le mot fromage, dans l'expression fromage fondu, peut être remplacé par le nom d'une variété de fromage lorsque cette variété constitue au moins 50% des matières premières mises en oeuvre ( exemple: emmental fondu ).

Ils doivent avoir une teneur en matière grasse (dans la matière sèche) égale ou supérieure à 40% et une teneur en matière sèche égale ou supérieure à 43%. Pour les fromages allégés, la teneur en matière grasse (dans la matière sèche) est comprise entre 20 et 30% et la teneur minimale en matière sèche est de 31%. Les "crèmes de..." ont un taux de matière grasse compris entre 50 et 60% (dans la matière sèche).

Aujourd'hui, il existe plusieurs dizaines de fromages fondus. Les crèmes de gruyère, crèmes de roquefort voisinent avec les fondus aux noix, fromages à tartiner, fromages minis en en-cas, cubes pour apéritifs...
Les fromages fondus sont souvent connus par des marques déposées par des entreprises. Le sourire de l'une d'entre elle a fait le tour du monde...
 

Les bons usages

Consommés comme les fromages frais ou affinés en fin de repas, les fromages fondus tirent de leurs qualités (praticité, longue conservation) un atout particulier : ils se prêtent particulièrement au grignotage, à toute heure et partout.
Sous forme d'en-cas, d'amuse-gueule, d'apéritifs, de "snack", de préparation pour canapés. On les emporte dans le sac à dos en randonnée, en escapade en VTT ou pour le goûter dans le cartable.

En cuisine, ils apportent moelleux et fondant à certaines préparations.
On les appréciera particulièrement sur les croque-monsieur, les hamburgers, dans les barquettes de légumes (céleri,  concombre), le mignon de porc, les sauces pour poireaux, les terrines de poisson (vinaigrette mixée avec du fromage à tartiner).
La cancoillotte est délicieuse avec des pommes de terre chaudes.

Ils se marient heureusement avec les produits fumés, les noix, les noisettes, les pâtes, les viandes blanches et les volailles, le poisson , les crevettes, les légumes crus, les lentilles, le chou-fleur...

Mythes et réalités

100 g de fromage fondu apportent autant de protéines que 85 g de viande ou de poisson ?

Vrai : Et que 3 yaourts ou 150 g de fromage frais.

De tous les fromages, les fromages fondus ont la plus longue durée de conservation ?

Vrai : Ils battent quasiment tous les records et ne nécessitent pas de conditions de conservation particulières. Il est préférable de les laisser dans leur emballage d'origine et les ranger dans un lieu sec et frais.


Les fromages frais

Enfant naturel du lait qui, laissé à l'air libre, caille spontanément, le fromage frais est le premier de tous les fromages. Premier historiquement, mais premier aussi techniquement. Car il correspond au stade de fabrication le moins élaboré.

Dès le XIe millénaire, lorsque les hommes inventent l'élevage, ils découvrent le fromage, issu du caillage spontané du lait. Sur les rives du lac de Neuchâtel, on a retrouvé des tessons de poteries percées de trous pour l'égouttage. Ils datent du VIe ou Ve millénaire avant JC.

Dans l'Antiquité, les Grecs utilisent les bovins pour le trait et consomment le lait de chèvre ou de brebis. Ils savent brasser le lait avec des branches de figuier pour hâter la coagulation. Ils consomment le fromage frais (tyros) en cuisine. Plus tard, les Romains apprécient le fromage blanc "à la grecque", accompagné de fruits secs et de vin cuit.

Au Moyen-Âge, il est vendu sous le nom de "jonchée", du nom des paniers de jonc utilisés pour l'égouttage du caillé. Il connaît son heure de gloire au XVIIIe siècle, car il est prisé par les gens distingués. Ceux-ci le dégustent très sucré et parfumé d'eaux-de-senteur. 
 
Dans les siècles qui suivent, les progrès se font principalement sur les fromages affinés.

En 1850 naît un fromage frais promis à une brillante destinée : le petit-suisse. Issu de la collaboration d'un vacher suisse travaillant à Villers-sur-Audry, en France, pour une certaine Madame Herould, il est "découvert" par Charles Gervais, commis d'un mandataire aux halles de Paris. Il négocie les droits d'exploitation, et 50 ans plus tard, les petits-suisses étaient connus dans toute l'Europe, et même en Afrique du Nord...

D'une manière générale, au XIXe siècle, grâce aux découvertes de Louis Pasteur, et aux avancées technologiques (vapeur, rail, réfrigération) l'industrie fromagère progresse rapidement.
En 1880, première organisation de ramassage du lait. Entre 1900 et 1912, premières fromageries industrielles dans la Meuse et dans l'Est.

Notre siècle connaît l'industrialisation à grande échelle de fromages, restés jusque-là confinés dans leurs terroirs ou leurs régions, et dans une production artisanale. Dès les années 60, Allemands, Danois et Suédois mécanisent la fabrication.

Vers 1970, trois Français mettent au point le procédé de l'ultrafiltration appliquée à la fromagerie. Il permet de normaliser la matière première, limitant les risques d'erreurs au moment de la "prise" du caillé. Parallèlement, sont mis au point les procédés de fabrication "en continu" qui optimisent le temps de fabrication.
Les techniques modernes n'ont rien changé à l'oeuvre de la nature. Elles ont simplement permis de mieux maîtriser les phases de fabrication. La régularité de la qualité du produit n'en est que mieux garantie.

Quelques fromages frais français sont particulièrement connus : la boulette de Cambrai, le crémet nantais, le fontainebleau, originaire d'Ile-de-France, la caillebotte du Poitou, le brocciu corse, la brousse de la Vésubie. Les deux derniers se fabriquent à partir de lait de chèvre ou de brebis. La caillebotte, à partir de lait de vache ou de chèvre. Le brocciu corse bénéficie d'une AOC (appellation d'origine contrôlée).

A l'étranger, certaines pâtes fraîches sont universellement consommées : le cottage cheese anglais ou américain, la fêta grecque (brebis, chèvre), la ricotta italienne (brebis, vache ou chèvre), le surati indien au lait de bufflonne.

La fabrication

En fromagerie, la fabrication des fromages frais est la moins compliquée qui soit, même si, selon les variétés, elle se complique pour obtenir des textures et des saveurs élaborées.
Car elle ne comprend que deux étapes :

Le caillage

A partir d'une fermentation exclusivement lactique, il consiste à faire coaguler la caséine du lait sous l'effet de l'acide lactique avec ajout d'un peu de présure dont l'effet coagulant est limité.

L'égouttage

Il permet de séparer le caillé du lactosérum ou petit lait. Il peut se faire spontanément ou être accéléré en centrifugeuse. Les fromages frais sont généralement peu égouttés. A l'exception du demi-sel et du petit-suisse, la teneur en matière sèche des fromages frais peut être limitée de 10 à 15 g pour 100 g, selon que la teneur en matière grasse sera supérieure ou au plus égale à 20%.

Puis, selon sa destination, le caillé égoutté est légèrement refroidi, éventuellement additionné de crème ou d'autres ingrédients (sucre, fruits...), salé ou aromatisé. Les fromages sont alors conditionnés et stockés en chambre froide.

Ils peuvent être préparés à partir de lait de vache, chèvre, brebis ou de leur mélange. Le lait peut être totalement ou partiellement écrémé, entier ou enrichi de crème (petit-suisse). 

On classe les fromages frais en quatre catégories : les fromages blancs, les fromages aromatisés, les spécialités régionales et, presque transfuges d'une autre famille, les fromages à pâte molle avant affinage.

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage.
Le minimum de matière sèche est fixé à 23%, sauf pour certains fromages frais. Dans ce cas, les mentions "plus
de 82% d'eau" ou "plus de 85% d'eau" sont obligatoires. 
 
Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec, mais l'étiquetage peut comporter en outre l'indication de la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit fini. On peut adjoindre un qualificatif au mot fromage : un "triple crème" contient au moins 75% de MG ; un "double crème" contient de 60 à moins de 75% de MG ; un "fromage gras", de 50 à moins de 60% de MG ; un "fromage allégé" (et sans addition de sucre) de 20 à moins de 30% de MG ; un "fromage maigre", moins de 20% de MG.

Tous les fromages frais ont une DLC de 24 jours après la fabrication.

Les fromages fermiers sont obligatoirement fabriqués avec le lait de l'exploitation d'où ils proviennent. La mention "matière grasse non précisée " est alors admise.

La mention "au lait cru" doit être indiquée lorsque le fromage est obtenu avec du lait dont la température n'a pas été portée au-delà de 40°C.
Depuis le 20 juin 1992 (décret du 19/2/1991), tous les fromages produits à la ferme, affinés ou non, doivent comporter l'indication d'une date limite de consommation. Pour les fromages frais, il s'agit d'une DLUO (date d'utilisation optimale).

Il existe une très grande variété de fromages frais.
On les classe en cinq catégories

Les fromages blancs

Ils sont vendus le plus souvent sous cette appellation ou sous des noms spécifiques : "fromage à la pie" (caillé bien égoutté), fontainebleau (additionné de crème fouettée), petit-suisse, caillebotte, demi-sel...

Le petit-suisse

De création récente, ce grand fromage a conquis petits et grands. Ils apprécient sa douceur, son moelleux...
Il est né en 1850 de l'imagination gourmande d'un employé suisse d'une laiterie française, qui eut l'idée d'ajouter de la crème aux bondons (petits cylindres de caillé égoutté). 
La réglementation définit le "Suisse" comme un fromage frais de forme cylindrique, pesant 30 ou 60 g et renfermant au minimum 40% de matière grasse. Il existe des "suisses" à 60% de MG. Le "petit-suisse" ou "demi-suisse" doit peser 30 g. Sa DLC est de 24 jours.
Le "suisse" à 40% de MG apporte 135 kcalories pour 100 g. Celui à 60% de MG en apporte 214.

Les fromages aromatisés

Le caillé égoutté est aromatisé à l'ail, aux fines herbes, au poivre, à l'oignon haché, aux raisins secs. Ils sont souvent enrichis en matière grasse (double et triple crème).

Les spécialités régionales

Ce sont la brousse de Provence, le brocciu corse, les crémets d'Anjou, les jonchées d'Aunis, de Saintonge ou du Poitou...

Les pâtes molles avant affinage

Parfois, certains fromages à pâte molle sont commercialisés avant l'affinage qui détermine leur appartenance à une famille définitive. Ils sont alors considérés comme des fromages frais. Parmi eux : les pâtes molles et fraîches des futurs neufchâtel, banon, fromage de chèvre, brie, époisses, munster...


Les bons usages

Consommés tels quels depuis des millénaires, les fromages frais ont aussi des utilisations en cuisine.

Ne subissant aucun affinage, les fromages blancs gardent leur blancheur et leur saveur est douce, légèrement acidulée.
Ils sont particulièrement savoureux et aromatiques au printemps.  

On les consomme en dessert, avec du sucre, de la crème fraîche, du miel, des fruits, ou encore avec des oignons hachés, des aromates, des herbes, de l'ail (brousse, brocciu corse...).

Sauf pour les fromages blancs pasteurisés, le fontainebleau et le crémet nantais dont le goût est régulier toute l'année, les autres fromages frais ont leurs meilleures saisons. Comme moult fromages affinés. Par exemple, la boulette de Cambrai, la brousse de la Vésubie au lait de chèvre, le brocciu de brebis corse sont meilleurs au printemps et en été.

En cuisine, les fromages frais arrondissent les saveurs. On réutilise volontiers - comme autrefois - le brie non affiné dans la pâte à brioche ou dans les bouchées à la reine.

Le petit-suisse

Il est recherché pour sa texture, son moelleux, qui préserve la chair des volailles. En pâtisserie, on peut l'étaler sur une pâte (pâte classique, fond en biscuit, génoise) ou l'utiliser en garniture avec un élément de choix : farine, semoule, amandes ou noix. On le trouve ainsi dans de nombreux appareils. Comme le fromage blanc, il sert de liant dans les farces, les terrines, les mousses. Il peut remplacer la crème dans les pâtes (beignets, crêpes...).

Le fromage blanc

Indispensable au cheese-cake, il donne de bons résultats dans les farces, mousses, tartes et quiches, omelettes, jusque dans les gratins, s'il a été préalablement détendu avec de la crème ou du lait.

Il est présent dans de nombreuses recettes régionales :

- galette à la farce, omelette au fromage blanc et beignets au fromage blanc en Champagne ;
- goyère, une spécialité de Valenciennes qui, au Moyen-Age, était une tarte au fromage blanc et à la cassonade ;
- "kneppe" lorraine (une crêpe souvent roulée avec du jambon, nappée de fromage blanc et gratinée) ;
- cervelle des canuts de Lyon (fromage blanc battu avec des échalotes, fines herbes, vin blanc, vinaigre et épices) ;
- fromagée de Beauce (fricassée d'oignons et de fromage blanc), creusiot solognot (fromage blanc aromatisé aux échalotes) ;
- tourteau fromager du Poitou (gateau sucré, levé à base de caillé frais de chèvre) ;

et l'on sait que les Berrichons incorporent couramment aux pâtes à pâtisserie du fromage de chèvre non affiné, mais bien égoutté...Quant aux Angevins, amoureux de la douceur du crémet accompagné de fraises, ils appellent "casse-museau" un petit gâteau au fromage blanc et aux amandes qui devient très dur après une double cuisson.

Les pâtes molles à croutes fleuries

Voici plus de mille ans, les fromages à croûte fleurie ont commencé à se développer.
On considère le brie comme la plus ancienne des pâtes molles. Et l'on pense que Charlemagne goûta, au prieuré de Reuil-en-Brie, un ancêtre du brie dont il s'émerveilla...

Au Moyen-Age, à Paris, les fromages les plus appréciés venaient alors de la colline de Chaillot, de Brie, de Champagne, de Touraine, de Picardie et de Bourgogne. Philippe Auguste mit le brie à la mode à la cour. Puis, de la Flandre au Piémont, les grands courants commerciaux créent des réseaux d'échanges d'une région à l'autre. Chaque région a "son" fromage et "ses" spécialités laitières que l'on vend, à la Renaissance, dans les rues des villes, avec le lait produit à proximité. Ainsi, le brie est apporté "en blanc", et affiné sur place, créant une nouvelle profession : celle des affineurs.

L'une des plus célèbres pâtes molles à croûte fleurie, le camembert, compte à peine plus de deux siècles. Elle a été inventée sous la Révolution par une fermière normande, Marie Harel. Celle-ci apprit d'un prêtre réfractaire, qu'elle cachait, le secret de fabrication des fromages briards. La recette fut reprise par sa fille qui s'établit à Camembert.

A la fin du siècle dernier, lors d'un déplacement dans la région, Napoléon III découvrit avec délices le fromage qu'il baptisa "camembert". Puis, un certain Ridel eut l'idée de la boîte en bois qui allait lui permettre de voyager, de conquérir la France et le monde...

Beaucoup de fromages à pâte molle à croûte fleurie sont des fromages de chèvre. Ils constituent une famille à part entière.
 
Parmi les fromages étrangers les plus appréciés, l'azeitao et le serpa sont deux fromages de brebis fabriqués au Portugal.

La fabrication

Le lait de vache le plus souvent est légèrement chauffé. Il coagule par caillage mixte : adjonction de ferments lactiques et de présure (enzyme de la caillette de veau).

Le caillé est versé à la louche dans un moule, selon le procédé manuel traditionnel, où il s'égouttera pendant quelques heures. Aujourd'hui le moulage est mécanisé avec l'emploi du multi-moule.

Démoulé, le fromage est ensuite saupoudré de sel ou plongé dans une saumure, puis sa surface ensemencée de moisissures spécifiques.

Les fromages sont entreposés dans un hâloir, local à l'humidité et à la ventilation contrôlées. Selon les variétés, ils y restent entre 4 et 7 jours, afin de stabiliser leur humidité.

Vient enfin l'affinage dont la durée (2 à 6 semaines) dépend de l'épaisseur du fromage, en fait du rapport entre le volume et la masse du fromage. Le duvet de moisissure qui se développe sur la croûte prend le nom de "fleur".

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.

Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec. L'étiquette peut aussi indiquer la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit fini. On peut adjoindre un qualificatif au mot fromage : un "triple crème" contient au minimum 75% de MG ; un "double crème" en contient de 60 à moins de 75% ; un "fromage gras", de 50 à moins de 60% ; un "fromage allégé" (et sans addition de sucre) de 20 à moins de 30% ; un "fromage maigre", moins de 20% de MG. La DLC est toujours indiquée sur l'emballage.

Les fromages fermiers sont exclusivement fabriqués avec le lait produit dans l'exploitation d'où ils proviennent. La mention "matière grasse non précisée " est alors admise.
La mention "au lait cru" doit être indiquée lorsque le fromage est obtenu avec du lait dont la température n'a pas été portée au-delà de 40°C.

En France, on dénombre une petite trentaine de grands fromages à croûte fleurie, fabriqués à partir de lait de vache. A titre d'exemple, on peut citer les fromages suivants : fromages définis réglementairement et spécialités fromagères.

Ils sont originaires de :

Normandie : camembert, carré de Bray, coeur de Bray, neufchâtel
Orléanais : olivet , pithiviers, vendôme
Brie : brie de Meaux, brie de Melun, brie de Coulommiers, coulommiers
Provence : banon affiné
Champagne : chaource, riçay cendré 
Ardennes : rocroi (cendré)
Alsace - Lorraine : carré de l'Est
Lyonnais : rigotte de condrieu
Dauphiné : saint-félicien, saint-marcellin
 
Parmi eux, cinq bénéficient d'une appellation d'origine contrôlée, une AOC, qui soumet leur fabrication à des conditions très strictes :

La plupart des pâtes molles à croûte fleurie ont un taux de matière grasse de 45% (banon, brie, carré de Bray, olivet...), ou compris entre 45 et 50% (carré de l'Est, coulommiers, neufchâtel).
Le chaource, le saint-marcellin et le saint-félicien contiennent 50% de MG.
A côté, le rocroi (20 à 30% de MG), le ricays cendré (30 à 45% de MG), voire la feuille de Dreux (28 à 40% de MG) font maigre figure...

Les bons usages

Les pâtes molles à croûte fleurie se présentent le plus souvent sous forme de cylindre duveteux, feutré, d'un blanc crémeux et ocré. La pâte est souple et onctueuse. Leur odeur rappelle le champignon, l'étable tiède, la levure, la mousse, la terre humide. Leur saveur, équilibrée, dégage des arômes de beurre, de champignon et de noisette.
Mais, plus ils sont riches en matière grasse, plus celle-ci s'adoucit. Lorsqu'ils dépassent le stade de la maturité, ils rancissent.
Leurs meilleures saisons sont extrêmement variables selon les variétés. Mais le carré de l'Est, le brillat-savarin, la rigotte de Condrieu, le neufchâtel, le banon sont bons toute l'année.

Lorsqu'ils sont cuisinés, ils développent un goût très léger. En cuisine régionale et traditionnelle, on les trouve dans plusieurs recettes : le mot brioche viendrait-il de l'incorporation dans la pâte de fromage de brie ? Les bouchées à la reine créées par Marie Lesczinska, épouse de Louis XV, se garnissaient autrefois de brie et non de jambon et de ris de veau.

Aujourd'hui, les cuisiniers innovent en trouvant des emplois pour les fromages de type camembert et de type chaource.
Le camembert se déguste en tarte, en quiche, en beignet, croquette, et donne d'excellents résultats dans les sauces de type béchamel ou classiques (notamment pour les viandes blanches ou le poisson).

Le chaource se prête à la réalisation de pâtes, de farces, de quiches, d'omelettes, d'oeufs brouillés.
On appréciera la chaourcine et une brioche salée au chaource ou la fondue de champignons au chaource...

Tout comme on osera la fondue normande (au neufchâtel avec pain, cubes de crudités et champignons), le brillat-savarin rôti, sur toast de pain de seigle, l'aligot de pommes de terre au brie frais, la papillote de dinde, avec sa sauce camembert crémée et sa julienne de poireau.

Si le beignet de coulommiers paraît plus classique, que dire du sorbet au camembert osé par d'audacieux glaciers ?

D'une manière générale, les pâtes molles à croûte fleurie se marient bien avec les ingrédients suivants : truffe noire, armagnac (chaource, brillat-savarin), chou-fleur, broccoli, carotte, céleri-rave, tomate, châtaigne, raisins secs (chaource), noix, noisettes, ciboulette, paprika, viande blanche, poisson, crème et sauce béchamel...

Pâtes molles à croûtes lavées

L'histoire de la famille des fromages à pâte molle à croûte lavée se confond avec celle de l'Eglise chrétienne. Très tôt au Moyen Age, les moines s'initièrent à la fabrication de fromages pour subvenir à leurs besoins. Le munster vit le jour dans un monastère alsacien. C'était en 855... Son nom alsacien porte le secret de sa naissance : il signifie "église abbatiale".

Un siècle plus tard, vers 960, une autre recette vit le jour. En Picardie, l'évêque de Cambrai incita les moines de Thiérache à prolonger l'affinage de leur fromage. De cette initiative naquit le maroilles.

Forts d'une tradition millénaire, on compte en France une vingtaine de fromages à pâte molle et à croûte lavée. La plupart sont originaires des régions du Nord et de l'Est : Flandre, Picardie, Hainaut, Champagne, Artois, Doubs...
Hors de France aussi, on apprécie depuis longtemps ces fromages à fort caractère : le quartirolo lombardo et le taleggio italiens, le vacherin mont-d'or et le vacherin fribourgeois suisses, le herve belge, le weisslacker allemand, le serra-da-estrela portugais, le limbourg belge ou néerlandais...

Forts d'une tradition millénaire, on compte en France une vingtaine de fromages à pâte molle et à croûte lavée. La plupart sont originaires des régions du Nord et de l'Est : Flandre, Picardie, Hainaut, Champagne, Artois, Doubs...

Hors de France aussi, on apprécie depuis longtemps ces fromages à fort caractère : le quartirolo lombardo et le taleggio italiens, le vacherin mont-d'or et le vacherin fribourgeois suisses, le herve belge, le weisslacker allemand, le serra-da-estrela portugais, le limbourg belge ou néerlandais...

La fabrication

En France, la quasi totalité de ces fromages, est obtenue à partir de lait de vache. Leur fabrication est très proche de celle des fromages à pâte molle et à croûte fleurie, à quelques variantes près.

Le lait, soit cru, soit pasteurisé, est chauffé. On lui ajoute de la présure pour obtenir le caillé. Celui-ci est rompu pour faciliter l'égouttage, car nombre de ces fromages sont de taille importante et ne subissent pas d'égouttage mécanique. Le caillé est versé dans des moules perforés, il est égoutté.
Puis, on démoule les fromages ; on les sale en saumure ; on les place dans le hâloir, grande salle dont la ventilation, l'hygrométrie et à la température de l'air sont contrôlées.

Au bout de dix jours environ, on les transfère dans une cave d'affinage. Intervient alors l'opération majeure d'où ils tirent leurs caractéristiques, notamment la couleur orangée de la croûte : ils sont régulièrement lavés avec de l'eau saumurée. Cela préserve la souplesse de la croûte et favorise le développement des ferments du "rouge". On les brosse aussi pour activer la fermentation.

Dans certaines régions et selon les fromages, on utilise du marc, du vin, du cidre ou de la bière pour traiter la croûte des fromages et leur donner un goût particulier.
 
Selon les fromages, la durée de l'affinage est variable. Elle est fixée par la réglementation, à un minimum de : deux semaines pour le pont-l'évêque, trois semaines pour le livarot, le mont d'or et le munster (mais deux pour le petit munster), cinq semaines pour le maroilles.


Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.

Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec. En outre, l'étiquette peut indiquer la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit fini.

Les fromages fermiers sont obligatoirement fabriqués avec le lait de l'exploitation d'où ils proviennent. Sur le lieu même de l'exploitation la mention "matière grasse non précisée " est alors admise.

La mention "au lait cru" doit être indiquée lorsque le fromage est obtenu avec du lait dont la température n'a pas été portée au-delà de 40°C.

Famille très ancienne, les pâtes molles à croûte lavée comptent dans leurs rangs sept AOC (appellations d'origine contrôlée) : l'époisses (Auxois), le langres (Champagne), le livarot, le pont-l'évêque (Normandie), le maroilles (Hainaut), le mont-d'or ou vacherin du haut Doubs, le munster-géromé (Alsace, Lorraine).
L'AOC exige des conditions de production très strictes et sévèrement contrôlées.

Parmi les autres membres de la famille, on reconnaîtra :

Nord :

- Auxois : aisy cendré
- Picardie : bagette de Laon ou de Thiérache
- Flandre : bergues, boulette d' Avesnes, gris de Lille, crayeux de Roncq
- Artois : coeur d'Arras
- Artois : dauphin

Ouest :

- Normandie : pavé d'Auge

Centre :

- Bourgogne : pierre-qui-vire
- Auxerrois : saint-florentin


La plupart des pâtes molles à croûte lavée sont des fromages dont la teneur en matière grasse est importante : elle n'est jamais inférieure à 45%, sauf pour le bergues (10 à 15% de MG) et le livarot (40% de MG).

Si l'aisy cendré et la baguette de Laon ou de Thiérache hésitent entre 45 et 50% de MG, le dauphin, l'époisses, le pavé d'Auge, le saint-florentin affichent un taux de 50% de MG, tandis que le crayeux de Roncq s'octroie la palme du fromage le plus gras de cette famille, avec 53-55% de MG.

Les autres fromages (munster géromé, pierre-qui-vire, boulette d'Avesnes, coeur d'Arras...) contiennent 45% de MG.

Les bons usages

Les pâtes molles à croûte lavée sont immédiatement reconnaissables à leur couleur crème orangée et à leur pâte au ton ivoire soutenu. Mais leur odeur surtout, souvent puissante et ammoniacale, les signe entre mille. Elle évoque le champignon, l'étable, le "lacté fermenté", l'ammoniaque, l'oignon... Cependant, elle est trompeuse et ne tient pas ses promesses, car la pâte a généralement un goût nettement moins marqué que l'odeur ne le laisserait supposer.

Comme tous les fromages, les pâtes molles à croûte lavée ont leurs meilleures saisons. Certains préfèrent l'hiver et le printemps (aisy cendré, gris de Lille, coeur d'Arras..), d'autres l'été et une partie de l'automne (livarot, langres, pierre-qui-vire...), d'autres enfin se consomment pareillement toute l'année (baguette de Laon, bergues).

Si leur puissante personnalité nous amène naturellement à les déguster seuls, accompagnés de quelque vin de fort caractère, la gastronomie locale ou régionale, traditionnelle ou contemporaine n'hésite pas à tirer parti de leurs qualités gustatives.

Ils ont une place de choix dans la tarte flamande (garniture de fondue d'endives et d'un mélange maroilles/crème fraîche avant cuisson), dans le filet de poisson du pays d'Auxois (nappé de sabayon au vin blanc, fouetté avec de l'époisses fondu), avec les pommes de terre à la boulette d'Avesnes, dans le poulet au munster, dans le feuilleté au livarot.

On apprécie le munster ou le maroilles en salade, sur canapés, en "rôties" ou goyère. Ils sont excellents dans les omelettes et les oeufs brouillés, dans la sauce béchamel. S'ils dégagent à la cuisson une odeur forte, leur saveur est beaucoup moins agressive.

Les mariages de goût les plus prometteurs avec les pâtes molles à croûte lavée de type munster ou maroilles se font avec le cumin, les produits légèrement amers (bière), avec le riesling, le pinot noir, le gewurztraminer, le graves, le médoc, avec l'agneau et les viandes blanches, l'échalote, le raifort, la pomme de terre, l'épinard cru ou cuit, le vinaigre de vin ou de xérès, la moutarde...

Avec les fromages de type époisses, le vin blanc sec, le marc de Bourgogne, les vins marqués, le gibier donne les meilleures alliances gustatives...

Les pâtes persillées

Vieux de plusieurs millénaires, le fromage a une histoire aussi longue que celle de l'élevage (IXe millénaire avant JC). Nées de l'ingéniosité des hommes, les pâtes persillées, plus couramment appelées les "bleus", peuvent s'enorgueillir de plus de mille ans d'histoire en Europe. Au 1er siècle, Pline l'Ancien citait déjà les fourmes.

Un peu après son sacre (en l'an 800) Charlemagne en voyage, s'arrêta un soir de carême chez un pauvre évêque, l'abbé de Vabres. C'était dans le Rouergue, non loin de Roquefort. Le prélat ne put rien offrir d'autre à l'empereur qu'une galette et un peu de fromage local, taché de vert. L'empereur entreprit aussitôt, avec la pointe de son couteau, d'ôter soigneusement les parties vertes.
Mais l'évêque lui fit respectueusement remarquer qu'il se privait là du meilleur du fromage. Suivant ce conseil, le monarque fut convaincu, et ravi de l'excellence du fromage, il en fit son fromage favori et s'en fit régulièrement envoyer des chargements du fromage jusqu'à sa ville de résidence, Aix-la-Chapelle.

En 1411, Charles VI accorda le monopole de l'affinage de leur fromage aux habitants du village aveyronnais de Roquefort-sur-Soulzon.
Plus tard, le premier texte mentionnant les autres bleus remonte à 1600. Il s'agit du "Théâtre d'agriculture et ménagier des champs" de l'agronome Olivier de Serres. Il y décrit la fabrication du sassenage.

Vers 1850, en ensemençant du caillé avec des miettes de pain de seigle moisi, un paysan de la région de Laqueuille, du nom de Roussel, relança la production des bleus.

Au début de la seconde guerre mondiale, pour remplacer le gorgonzola que les Italiens n'exportaient plus, est né le saingorlon. Ce fromage de 6 à 12 kg est à l'origine du bleu de Bresse.

Aujourd'hui, on dénombre en France environ une quinzaine de "bleus" dont six AOC, appellations d'origine contrôlée. Ils proviennent de régions traditionnellement pauvres et montagneuses : Auvergne, Savoie, Jura, Corse.

Tous bleus confondus, la France en a produit 38 240 tonnes en 2001, à base de lait de vache. La production la plus importante est celle du bleu d'Auvergne, suivie de la fourme d'Ambert ou de Montbrison. Une production quasiment stable par rapport à 2000. A ces tonnages, il faut ajouter ceux du roquefort (à base de lait de brebis), soit 21 144 tonnes.

A l'étranger, les bleus sont également appréciés. Particulièrement le cabrales en Espagne, le danablu au Danemark, l'edelpizkäse en Allemagne, le gammelost en Norvège, le gorgonzola en Italie, le stilton, le blue cheshire, le blue cheddar en Grande-Bretagne. Il existe de nombreuses imitations anglaises et américaines des bleus français.

La fabrication

La quasi totalité des pâtes persillées d'origine française est fabriquée à partir de lait de vache. A quelques exceptions, dont une prestigieuse : le roquefort, qui requiert du lait de brebis. Tout comme le bleu de Corse.

Pour les fromages traditionnels, le lait, pasteurisé ou non, est chauffé.
Le caillé est égoutté, émietté ou découpé en cubes, et placé dans les moules.
Il n'est ni pressé, ni chauffé.

En cours de coagulation, ou, plus souvent de moulage, on incorpore les spores d'un champignon : Penicillium glaucum pour les bleus, Penicillium roqueforti pour le roquefort. Puis les fromages sont salés durant quatre à cinq jours.

Ils sont ensuite placés dans le hâloir, un local ventilé dont le degré d'hygrométrie et la température sont contrôlés. Avec de longues aiguilles, on les transperce. Ces trous favoriseront le développement des moisissures et permettront de répartir harmonieusement les marbrures bleues ou vertes dans la pâte.

L'affinage est long et minutieux.
Il s'effectue dans des caves froides (10°C) et très humides (95% d'humidité), le plus souvent naturelles.

L'affinage dure de deux à six mois selon les formes et les formats. Le roquefort mûrit exclusivement dans les caves creusées depuis des siècles dans la montagne du Cambalou.
Il lui faut au moins trois mois d'affinage. 

Le saingorlon et le bleu de Bresse ont une méthode de fabrication légèrement différente : le lait et non la pâte, est ensemencé. Ceci explique pourquoi leurs marbrures sont moins abondantes et moins marquées. Ces deux fromages appartiennent aux bleus "doux", du type gorgonzola italien.

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.

Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec, mais l'étiquetage peut en outre indiquer la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit fini.

Les fromages fermiers sont obligatoirement fabriqués avec le lait de l'exploitation d'où ils proviennent. La mention "matière grasse non précisée " est alors admise.

La mention "au lait cru" doit être indiquée lorsque le fromage est obtenu avec du lait dont la température n'a pas été portée au-delà de 40°C.

Les principaux fromages traditionnels à pâte persillée français sont originaires de régions montagneuses ou pauvres :

- Cantal : bleu de Thiézac, bleu d'Auvergne
- Jura : bleu de Gex- Haut Jura
- Savoie : bleu de Termignon
- Forez : fourme d'Ambert ou de Montbrison
- Limousin : tomme de Brach
- Bresse : bleu de Bresse
- Vercors : bleu du Vercors-Sassenage
- Languedoc : bleu des Causses
- Jura/Auvergne/Bresse : saingorlon
- Rouergue : roquefort

Les bons usages

Forts en goût, les bleus se servent à la fin des repas, seuls ou après les autres fromages, et également en salade. Au nez, ils dégagent des arômes de beurre, de champignon et de bouillon. Leur saveur est à dominante salée, piquante et astringente, tandis que leur texture fondante va du granuleux à l'onctueux.

Leurs meilleures saisons sont souvent l'automne et l'hiver, avec des exceptions pour le bleu de Laqueuille, le bleu de Corse, le bleu de Gex, que l'on peut consommer dès juillet, et pour le saingorlon, le bleu de Sassenage, le bleu des Causses et le bleu de Bresse dont le goût est régulier toute l'année.

En cuisine, les bleus offrent un grand intérêt.
On les retrouve dans les salades, les sauces chaudes (sauces à base de fond, de fumet, sauces béchamel, crème ou émulsionnées) et froides, les beurres composés, les soufflés (à la fourme d'Ambert et au cantal), les fondues, les feuilletés, les crêpes (crêpe soufflée quercynoise au roquefort), les croustades, les tartes (au céleri et au bleu)... 

Ils accentuent la saveur salée des mets. La cuisson leur convient, exaltant leur goût. Ils sont fréquemment employés en garniture de canapés, avec des noix hachées, du céleri, du beurre...

Ils accompagnent délicieusement certaines viandes : les paupiettes, la viande hachée, le lapin. Régalez-vous d'un ragoût d'agneau au roquefort et au pruneau, d'une blanquette au bleu d'Auvergne, éventuellement garnie de salicornes ou de chou auvergnat (embeurrée de chou au beurre de roquefort).
 

Les pâtes pressées cuites

Entre 3 000 et 2 000 ans avant notre ère, les nomades indo-européens se répandent dans les Balkans, l'Europe du Nord et l'Asie, apportant leur connaissance du fromage. Ce dernier était issu du caillage spontané du lait. Il faudra attendre quelques millénaires pour que naisse le procédé de fabrication qui a engendré la famille des pâtes pressées cuites.

L'art de presser le caillé existe depuis près de deux mille ans. Les Romains le pratiquaient depuis le 1er siècle, en utilisant de grosses pierres. Au XIIIe siècle en France, le cheptel est constitué, les fermiers et bergers élaborent eux-mêmes leurs fromages, souvent selon des formules originales. Naissent alors les premières coopératives de production : les "fruitières". En France, la première charte écrite connue date de 1278. Elle a été retrouvée à Deservillers, dans le Doubs.

Dans ces fruitières des montagnes de l'Est de la France, tout un village ou tous ceux d'une montagne rassemblent leur collecte de lait.
Ils produisent les fromages de grand format, les plus grands qui soient, dépassant tous la vingtaine de kilos, allant parfois jusqu'à la centaine. Comté dans le Jura puis dans toute la Franche-Comté, beaufort en Savoie, gruyères dans l'Est montagneux d'une manière générale.

Ces fromages de garde conservent ainsi les richesses du lait produit en été dans les pâturages libérés par la fonte des neiges.

Au XVIIe et au XVIIIe siècles, les échanges commerciaux s'intensifient en Europe. En France, on importe des fromages de Hollande, de Suisse, d'Italie et même de Turquie. C'est aussi à cette époque que les fromages français commencent à s'exporter.

Fromages de garde, l'aptitude naturelle des fromages à pâte pressée cuite à voyager - contrairement à beaucoup d'autres - leur permet de se faire connaître assez tôt hors de leur région d'origine.

Depuis le début du siècle, la production d'emmental s'est fortement accrue. On observe entre 1991 et 2001, une augmentation de 29,8%.

Aujourd'hui, la fabrication industrielle de fromages est dominante. L'emmental a largement quitté sa région natale. En 2000, Il s'est étendu notamment en Bretagne, première région productrice (43,1%%) et dans les Pays de Loire (24,5%), Franche Comté (11,0%).

Il est non seulement le plus grand des fromages français par la taille (75 kg), mais aussi par la production : 254 946 tonnes ont été fabriquées en 2001. Ce qui représente presque le quart (24%) de la production totale française de fromages affinés !

En 2001, Il devance largement le camembert et ses assimilés (128 741 tonnes) et dépasse, à lui seul, la production totale des pâtes pressées non cuites (227 398 tonnes).

Râpé ou non, avec 43 610 tonnes en 2001, il représente 11,2% de la valeur des exportations de fromages affinés. L'Italie, l'Espagne, le Bénélux et l'Allemagne sont ses principales destinations, mais il est exporté dans 70 pays. L'emmental râpé fait jeu égal avec les meules et les morceaux. Il ne représentait que 17% des exportations des pâtes pressées cuites en 1985 !

Les autres fromages de la famille des pâtes pressées cuites sont plus modestes en quantité. La production de comté, fromage à appellation d'origine contrôlée, s'est élevée à 49 052 tonnes en 2001. Celle de beaufort, autre AOC, à 4070 tonnes.

A l'étranger, les pâtes pressées cuites sont très nombreuses. En Italie, on trouve l'asiago, le fiore sardo, le fontina (pâte semi-cuite), le montasio, le parmigiano reggiano ; en Suisse, l'appenzell, le bagnes, l'emmental et le gruyère suisses ; en Espagne, le cantabria (pâte semi-cuite) ; en Grèce, le kasseri ; en Bulgarie et Roumanie, le kashkaval ; en Scandinavie, le mysost.
Ils sont tous au lait de vache, sauf le kasseri et le kashkaval, au lait de brebis.

La fabrication

Le lait, pasteurisé ou non, est chauffé dans de grandes cuves contenant de mille à vingt mille litres. Il est emprésuré (la présure est une enzyme naturelle de coagulation). Les caséines, principales protéines du lait, s'unissent et mettent en commun une partie de leur ossature, constituée de calcium. Cette coagulation doit s'opérer rapidement. Comme elle se fait sans acidification notable, cela permet de conserver l'essentiel du calcium du lait dans le fromage. Ceci explique la forte teneur en calcium des fromages à pâte pressée cuite : le calcium du lait est concentré huit fois !

Le caillé est ensuite tranché en petits cubes dont la taille va d'un grain de blé à celle d'un grain de maïs.

C'est le décaillage : l'égouttage qui libère le petit-lait ou lactosérum en est facilité.

Puis, on brasse énergiquement les grains de caillé qui se séparent du lactosérum et l'on chauffe l'ensemble pendant une heure à 53-54°C. C'est la "cuisson" (qui donne son nom à cette famille de fromages).
Elle déshydrate le caillé qui se contracte. Ce chauffage provoque en effet une synérèse, c'est-à-dire l'exsudation d'une partie du lactosérum contenu dans les grains de caillé.
Ensuite, on rassemble des volumes énormes de grains de caillé dans une toile puis dans un moule. On soumet l'ensemble à une forte pression pendant plusieurs heures (jusqu'à vingt heures).
Le pressage va donner sa forme au fromage. Il permet aux ferments lactiques, sélectionnés avec soin, d'agir selon un ordonnancement rigoureux.

On opère ensuite le salage. Soit par immersion dans un bain de saumure, soit par frottage. Il dure en général une journée. Il contribue à la formation de la croûte, à l'apparition du goût et à la bonne conservation.
 
Puis, on transporte les meules - qui pèsent de 40 à 100 kg - dans une cave de maturation.
Froide (10-15°C) puis chaude pour l'emmental (23°C), pour une durée moyenne de six à dix semaines.

Fraîche pour le comté, pendant un mois, à 12-14°C, puis tempérée, pendant un minimum de trois mois. Froide pour le beaufort (avec plus de 92% d'humidité), dont l'affinage dure quatre mois à un an.

Les ferments propioniques créent des bulles de gaz carbonique. Elles ne peuvent s'échapper des meules dont la croûte devient progressivement imperméable. Elles sont responsables des trous caractéristiques de la pâte, les yeux. Une meule d'emmental peut produire 150 litres de gaz carbonique.
La température de la cave explique pourquoi  l'emmental a les yeux les plus grands, tandis que la pâte du comté ne possède presque pas d'ouvertures.

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.
Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec. L'étiquetage peut, en outre, indiquer la matière grasse pour 100 g de produit fini.

Les fromages à pâte pressée cuite proviennent tous du lait de vache. Ils ont une teneur minimale de 45% de MG (comté, emmental, gruyère), de 48% pour le beaufort et l'abondance. Vu son procédé de fabrication, ce dernier peut être considéré comme un fromage à pâte demi-cuite.
La teneur minimale en matière sèche pour 100 g de fromage est de 58 g pour l'abondance, 60 g pour l'emmental, 61 g pour le beaufort et 62 g pour le gruyère et le comté.

Le beaufort et le comté bénéficient d'une AOC, appellation d'origine contrôlée.
Ils sont produits selon des conditions sévèrement réglementées et contrôlées.

Pour l'emmental il existe trois signes de qualité :

Une certification de conformité

pour l'emmental français sélection (grille qualitative de sélection des meules, teneur en calcium garantie...).
Etablie en 1997, elle est la seconde certification de conformité utilisée en France pour un fromage. Elle est régulièrement contrôlée par un organisme indépendant.

Deux labels :

un label régional et un label rouge emmental grand cru : le label régional correspond à emmental de Savoie (origine garantie, alimentation des vaches sans produits d'ensilage, affinage minimum de dix semaines), et emmental grand-cru Label Rouge.

Ce dernier label existe depuis 1979. Il signe une production soumise à de strictes conditions : lait cru de haute qualité de vaches vivant dans les massif des Vosges, de Franche-Comté ou des Alpes : alimentation des vaches sans produits d'ensilage; affinage durant au minimum dix semaines, dans les régions de production ; critères de forme, croûtage, goût et pâte pour des meules qui doivent atteindre la note minimale de 16/20... ; double contrôle des meules sélectionnées par l'ITFF (Institut Français des Fromages).

Sur le talon de la meule, une plaque de caséine ronde et rouge justifie de la fabrication au lait cru.

Et le gruyère ?

Le mot "gruyère" a une origine ancienne. Il vient des officiers gruyers qui, dès le haut Moyen-Age, percevaient les impôts sous forme de fromages, dans les territoires qui allaient devenir français et suisses : les montagnes de Savoie et du canton suisse de Fribourg. La convention internationale de Stresa sur les fromages (1951) a déclaré le terme "gruyère" propriété franco-suisse.

Aujourd'hui, le gruyère désigne un fromage suisse ainsi qu'un fromage français qui ne représente que quelques milliers de tonnes chaque année.
Cependant, le mot a longtemps désigné l'ensemble des pâtes pressées cuites. Puis, les Français ont pris l'habitude d'appeler l'emmental "gruyère", par un glissement de langage...

Les bons usages

Usages multiples, finesse de goût et arôme fruité, telles sont les qualités des fromages à pâte pressée cuite.

La pâte est parsemée d'ouvertures plus ou moins importantes selon les variétés. Au doigt ou au "marteau", l'expert fromager sait en analyser le développement. L'odeur de ces fromages évoque le lait, la crème de cacao, les fruits confits, la noisette. Au goût, on décèle des arômes de bouillon, une saveur astringente, piquante. Leur texture va de tendre et moelleuse à ferme.
On les déguste tels quels, souvent dans les sandwiches et sur les canapés.

En cuisine, on les emploie depuis longtemps : râpés ou en lamelles dans les gratins, les tartes, les fondues, les soufflés, les croûtes, les croque-monsieur, les pâtes alimentaires, les crêpes, en dés dans les salades...

On les trouve dans des recettes régionales comme la fondue savoyarde ou franc-comtoise, la brioche jurassienne (le comté est incorporé dans la pâte à brioche), la soupe à l'oignon, le gratin ou la soupe savoyards, les soufflés au beaufort, le ramequin morézien (panade au comté), les omelettes.

Les légumes sont fréquemment accommodés au fromage sous forme de gratins (lentilles, citrouilles, pommes de terre..).

A la cuisson, les pâtes pressées cuites donnent un moelleux aux farces et aux sauces (la béchamel est devenue sauce "Mornay" au XIXe siècle, lorsqu'on lui a incorporé de l'emmental râpé) et du croustillant aux gratins.

Râpées ou non, elles sont devenues un élément aux utilisations multiples dans la cuisine contemporaine : dans les carottes "dauphine" (appareil à pommes dauphines enrichi de purée de carottes et de fromage râpé), les terrines chaudes (aubergine, viande hachée, emmental), les boulettes de viandes franc-comtoises (au comté râpé, mijotées dans une sauce aux trompettes de la mort), le saucisson de poisson et d'emmental au curry, le gigot de lotte rôti à l'emmental et à la fleur de thym, les beignets d'ananas et d'emmental...

Mythes et réalités

Les fromages à pâte pressée cuite sont les fromages les plus riches en calcium ?


Vrai : Leur procédé de fabrication permet de concentrer huit fois le calcium du lait. 100 g d'emmental apportent 1000 mg de calcium. La même quantité d'amandes, 250 mg, de chocolat amer, 100 mg, de pommes de terre 15 mg, de viande de boeuf 10 mg.

Il existe des crus de comté ?


Vrai : C'était ce qu'affirmaient les anciens et qui vient d'être démontré par des études récentes qui ont permis de caractériser sous-sol, sol, climat, flore, et de les rapprocher du goût des comtés obtenus sur ces terroirs. Au-delà du savoir-faire, il existe bien des caractéristiques "terroir" transmises au fromage par l'origine du lait.

Les pâtes pressées non cuites

L'action de presser le caillé, grande caractéristique des fromages à pâte pressée, est connue depuis l'Antiquité. Dès le 1er siècle, les Romains avaient imaginé d'accélérer l'égouttage du caillé par de grosses pierres. Vers l'an 60 après JC, Pline l'Ancien se référait sans doute à l'aïeul du cantal, lorsqu'il évoquait "les fromages du pays des Arvernes et du Gévaudan qui sont appréciés à Rome".

Mille ans passent, au tournant du deuxième millénaire, les abbayes, alors à la tête d'immenses domaines, rentrent dans l'économie de marché naissante. Bénédictins, cisterciens, trappistes deviennent de grands producteurs de vin, céréales, fromages. Ils produisent des pâtes molles à croûte lavée, mais aussi des pâtes pressées non cuites.
Les fromages trappistes forment la principale sous-famille de ces pâtes. Ils se vendaient sous le nom de leur abbaye productrice : chambarand, port-du-salut, abondance (dont la pâte est demi-cuite)...

Aujourd'hui, on compte une petite trentaine de fromages traditionnels de cette famille. Certains sont sortis de leur région natale, à l'instar du saint-paulin, universellement apprécié. En France, il est le premier type fromage à pâte pressée non cuite par le tonnage : 27 175 tonnes produites en 2001 (saint-paulin et assimilés). Derrière lui, les tommes, le saint-nectaire et assimilés (32 747 tonnes), puis la raclette (41 224 tonnes).

L'edam, le gouda, la mimolette et assimilés représentent
27 811 tonnes, le cantal et les fromages assimilés 18 103 tonnes. L'ensemble de la production de cette famille de fromages s'élève à 227 398 tonnes.

A l'étranger, cette famille est très présente et étendue. Notamment avec les goudas, l'edam, spécialités traditionnelles hollandaises, dont les Néerlandais sont les premiers producteurs mondiaux. Aux Pays Bas on fabrique également de la mimolette dont les origines sont françaises.

Mais le cheddar, le cheshire, le derby ou le gloucester anglais, le samsoë danois, le tête-de-moine ou le tilsitt suisses, le maredsous, le passendale ou le chimay belges, le manchego, le roncal, l'idiazabal ou la tetilla espagnols, le kefalotyri grec, l'oka québecois sont tout aussi célèbres dans leurs pays respectifs.

La fabrication

Dans cette famille nombreuse, les fromages de caractères très divers naissent pourtant de processus identiques.

 Le lait, pasteurisé ou non, est chauffé à 34-36°C.
Il coagule rapidement à la présure dans une pièce chauffée à 30°C. Le caillé est tranché, puis brassé jusqu'à ce qu'il prenne la consistance de granulés. On l'enferme alors dans des toiles et on le presse mécaniquement pour en évacuer promptement le petit-lait ou lactosérum.

Pour les fromages de type saint-paulin, gouda, edam, mimolette, on lave les grains de caillé dans la cuve. Dans cette opération, dite de délactosage, on soutire une partie du lactosérum produit, variable de 10 à 45% selon la catégorie de fromage. Elle est remplacée par de l'eau chauffée à une température supérieure à celle de l'emprésurage du lait.
Le délactosage limite l'acidification de la pâte pendant l'affinage en cave. En favorisant l'action liante du calcium, il améliore la cohésion de sa texture : souple pour le saint-paulin, ferme pour le gouda, l'edam ou la mimolette.

Ensuite, selon les variétés, le caillé est moulé avant et/ou après le pressage. Puis on le sale, en le plongeant quelques heures dans un bain de saumure à 28° de concentration.

On éponge le fromage et, à plusieurs reprises, on le frotte de sel, à sec, en espaçant les opérations. La croûte durcit et la pâte s'imprègne de sel.
 
On place les fromages en cave humide. On les lave et les retourne régulièrement. L'affinage dure longtemps : de deux mois à un an. Cette lente maturation leur confère une saveur subtile. Le laguiole réclame trois à six mois d'affinage, le cantal est délicieux à trois mois, le saint-nectaire à deux mois, le salers a besoin de plus d'un an...

Certains fromages sont de grande taille : le cantal pèse de 35 à 45 kg, le laguiole ou le salers de 30 à 40 kg. Ils sont alors moulés en plusieurs fois. Ils sont constitués de tommes successives qui se soudent entre elles et s'homogénéisent sous la pression mécanique.

Certains membres de cette famille ont une croûte paraffinée ou teintée : saint-paulin, fromage des Pyrénées, edam, mimolette... D'autres ont une croûte naturelle : cantal, laguiole, saint-nectaire...

Si la plupart des pâtes pressées non cuites sont fabriquées au lait de vache (belval, cantal, chambarrand, gaperon, morbier, murol, saint-paulin, saint-nectaire, salers...), il en existe quelques-unes au lait de brebis : ossau-iraty des Pyrénées, sarteno corse, ce dernier pouvant aussi être fabriqué avec du lait de chèvre.

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

La dénomination "fromage" est réservée au produit fermenté ou non, affiné ou non, obtenu à partir des matières d'origine exclusivement laitières suivantes : lait, lait partiellement ou totalement écrémé, crème, matière grasse, babeurre, utilisées seules ou en mélange et coagulées en tout ou partie avant égouttage, ou après élimination partielle de la partie aqueuse.

La teneur minimale en matière sèche du produit ainsi défini doit être de 23 g pour 100 g de fromage.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait (si autre que celui de la vache), doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.

Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec, c'est-à-dire dans 100 g de fromage après complète dessiccation. L'étiquetage peut en outre indiquer la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit fini (fromage humide et non son extrait sec).

Les fromages fermiers sont obligatoirement fabriqués avec le lait de l'exploitation d'où ils proviennent. La mention "matière grasse non précisée " est alors admise.

La mention "au lait cru" doit être indiquée lorsque le fromage est obtenu avec du lait dont la température n'a pas été portée au-delà de 40°C.

On dénombre une trentaine de fromages français à pâte pressée non cuite. Les plus célèbres portent le nom des abbayes qui les virent naître. Leur dispersion est assez large sur le territoire national.

Nord

- Artois, Picardie : vieux-Lille ou gris
- Flandre : mont-des-cats
- Pas-de-Calais : vieux boulogne

Ouest

- Cotentin : bricquebec
- Bretagne, Pays de la Loire : saint-paulin

Centre

- Auvergne : cantal, gaperon, murol, saint-nectaire, salers
- Aubrac : laguiole
- Périgord : échourgnac
- Bourgogne :  époisses

Sud

- Béarn, Pays Basque : ossau-iraty
- Ariège : bethmale
- Corse : sarteno

Est

- Dauphiné : chambarand
- Franche-Comté : morbier
- Haute-Savoie : abondance, tomme de Savoie, reblochon, tamié

La grande majorité des membres de cette famille ont un taux de matière grasse de 45%. La tomme de Savoie fait exception en variant de 20 à 40% de MG. Le vieux boulogne, le tamié, le fromage des Pyrénées, l'échourgnac, l'ossau-iraty affichent 50% de MG.

Les bons usages

En général, les fromages à pâte pressée non cuite sont pourvus d'une croûte plus ou moins épaisse, selon la durée de l'affinage. Cette dernière en détermine la saveur : douce, à peine piquante lorsque le fromage est jeune, fruitée, de noisette puis piquante au fur et mesure qu'il avance en âge. Mais la saveur dépend aussi de la nature du lait (vache ou brebis, pasteurisé ou cru), du délactosage et du degré d'égouttage sous presse.

Au nez, ces fromages dégagent des odeurs vives, alliacées, boisées, cacaotées, de ferment, de litière et de terre. On décèle des arômes de bouillon, de champignon, de foin, de fumée, de noisette. Leur texture peut être pâteuse, souple, onctueuse, lisse, granuleuse, farineuse.
Les fromages de brebis ont un goût qui rappelle le sérum frais, avec souvent une note acidulée.

En cuisine, les qualités fondantes des pâtes pressées non cuites donnent une belle coloration aux gratins : gratin languedocien (tomate, aubergine, cèpe, lamelles de brebis des Pyrénées), gratin de carottes au saint-nectaire...

Depuis longtemps, les traditions régionales ont associé ou inclus ces fromages dans des préparations : croûtes, aligot (pommes de terre, ail, cantal ou laguiole), truffade, salades comme celle de la Limagne (dés de gaperon écroûté, haricot vert, salsifis, laitue, jambon blanc, sauce au jaune d'oeuf dur).

On peut aussi se régaler d'oeufs en gelée au cantal jeune, de quiche au saumon et à la mimolette française, de soufflé de homard au fromage de brebis, d'escargots au gaperon...

Les câpres, les herbes de Provence, les pommes, les pommes de terre, les lardons, les produits fumés, les anchois, les olives, la tomate, le chou vert, le pain de seigle se marient délicieusement avec les pâtes pressées non cuites, de type cantal.

Les fromages de type murol, saint-nectaire, saint-paulin ont des usages culinaires très proches de ceux des pâtes pressées cuites (comté, beaufort, emmental...).


Les chèvres

Le fromage de chèvre est le plus ancien de tous les fromages. La chèvre était un élément indispensable dans l'alimentation des populations vivant en climat sec. Elle procurait lait et viande, sources importantes de protéines.

Dans l'Antiquité, les principes de base de la fabrication des fromages sont connus.

Ulysse et ses compagnons ne découvrent-ils pas, chez un berger-laitier, des claies chargées de fromages ? L'Odyssée rapporte aussi qu'ils voient les seaux à traire le lait des chèvres et des brebis.

Les Romains, dont l'art culinaire le prise fort, considèrent le fromage de chèvre plus digeste que celui de vache ou de brebis...

Avec les migrations arabes, le périmètre de fabrication de ces fromages, limité au pourtour de la Méditerranée, se développe vers le Nord.

Peu à peu, l'élevage de cet animal peu exigeant s'étend dans toutes les régions sèches et pauvres du pays.

Au Moyen-Age, il existe de nombreuses sortes de fromages de chèvre, qui servent de moyen de paiement, de troc. Au XVIIIe siècle, on apprend dans le "Gazetier du comestible", revue spécialisée, que les fromages de Valence et du Mont-Pilatou sont très recherchés.

En 1829, le petit chèvre du Sancerrois prend le nom de crottin de Chavignol.

Aujourd'hui, la France possède le dixième du troupeau européen, avec 1,1 million de têtes, dont 940 000 chèvres laitières. Soit beaucoup moins que la Grèce (5,9 millions de têtes), l'Espagne (2,7 millions de têtes) ou l'Italie (1,4 million de têtes).

Pourtant, c'est elle le leader européen pour la fabrication de fromages au pur lait de chèvre.

Avec 64 000 tonnes en 2001, la fabrication en laiteries est en forte hausse (+5,8% par rapport à 2000). Elle se répartit entre le pur-chèvre (60 624 tonnes) et le mi-chèvre (3 368 tonnes).

Mais, particularité du secteur, la fabrication artisanale et fermière conserve une part importante : environ 20% des fromages de chèvre sont produits par plus de 5 000 ateliers fermiers selon des traditions et un savoir-faire ancestraux.

Il en résulte une grande diversité de goûts et de formes pour le plus grand plaisir des consommateurs.


La fabrication

Il existe trois grandes sortes de fromages de chèvre,
différenciées selon leur mode de fabrication :
 
Les fromages de chèvre frais : leur texture est souple, tranchable, non collante, et leur goût est neutre. Le caractère frais est renforcé pour le cendré.

Les fromages de chèvre "lactiques" : ces fromages affinés sont de texture cassante, légèrement fondante et leur goût est typé.

Les fromages de chèvre "présure" : ces fromages affinés de type camembert ont une texture souple, fondante et onctueuse ; leur goût est peu typé, sauf s'ils sont au lait cru.

On trouve essentiellement, dans la grande famille des chèvres, des pâtes molles à croûte naturelle ou fleurie et des pâtes fraîches. Les pâtes pressées non cuites et les pâtes persillées sont plus rares. Comme les autres fromages, elles peuvent provenir de lait cru, pasteurisé ou thermisé.

Malgré ces différences, il existe des étapes communes à la fabrication de tous les fromages de chèvre :

On filtre le lait et le chauffe éventuellement (pasteurisation ou thermisation).

 Pour le caillage du lait, on introduit des ferments lactiques et de la présure, ou on laisse le caillage se faire spontanément. La quantité de présure et la durée du caillage déterminent les caractéristiques du produit fini.

On égoutte le caillé obtenu.

On le conditionne, éventuellement avec d'autres ingrédients, s'il s'agit de fromage frais, ou bien, on rompt le caillé pour le moulage.
 
On sale les fromages ; on ensemence éventuellement la surface avec du Penicillium candidum ; on les saupoudre parfois de cendres végétales, pour en absorber l'humidité superficielle.

Après le démoulage, on égoutte les fromages et les place en hâloir ou en cave, pendant deux à trois semaines, parfois jusqu'à cinq selon les variétés. 

L'affinage se poursuit jusqu'à obtention de la consistance voulue : fraîche, tendre, demi-dure, dure, ou cassante.
La durée de l'affinage dépend aussi du format du fromage. Un petit picodon de l'Ardèche est sec en deux semaines tandis qu'il faut cinq semaines à une pyramide de Valençay pour atteindre la consistance idéale. 

Selon les types de fromages, le moulage, le salage et l'égouttage s'effectuent dans un ordre différent. Cependant, sur tous les types de fromages, l'affinage provoque les mêmes effets.

A peine sorti du moule, le fromage frais possède une texture friable qui s'accommode de toutes sortes d'ingrédients. Au bout de huit jours, la saveur et l'arôme caprins apparaissent, gardant un goût de "frais"

Après deux semaines, la croûte devient légèrement bleutée. Le fromage, bien égoutté, possède un bouquet typique, selon sa forme et son origine. Une croûte bleuie par les moisissures se forme spontanément sur les fromages fermiers. Les fromages laitiers se couvrent d'une croûte fleurie, née de l'ensemencement.

Au terme de trois ou quatre semaines, la pâte durcit, devient sèche, parfois cassante. Le goût s'accentue fortement, sans devenir piquant.
Au-delà de quatre à cinq semaines, le fromage devient "repassé". Son goût s'accentue encore et son piquant saisissant demande des papilles exercées pour être pleinement apprécié.

Les dénominations

Un décret du 30 décembre 1988 défini le terme "fromage" comme étant réservé au "produit fermenté ou non, obtenu par coagulation du lait, de la crème ou de leur mélange, suivie d'égouttage".
Ce décret a abrogé et remplacé le décret du 26 octobre 1953.

Les caractéristiques concernant l'extrait sec, la teneur en matière grasse et l'origine du lait, doivent figurer sur l'étiquetage. Le minimum de matière sèche est fixé à 23%.
Le pourcentage de matière grasse est toujours calculé par rapport à l'extrait sec.
En outre, l'étiquetage des fromages peut comporter l'indication de la teneur minimale en matière grasse pour 100 g de produit frais.

Selon la nature du lait utilisé, les fromages au lait de chèvre sont classés en deux catégories :

Les "fromages de chèvre" ou "pur chèvre". L'appellation est réservée aux fromages exclusivement fabriqués au lait de chèvre.

Les "mi-chèvre". L'appellation s'applique à des fromages obtenus à partir d'un mélange de lait de vache et de chèvre. Mais la proportion de ce dernier doit au minimum s'élever à 50%.

L'appellation "fromages au lait de mélange" désigne des fromages fabriqués à partir du lait de deux ou plusieurs espèces animales.

Quasiment exclusivement "pur chèvre", avec 60 624 tonnes produites en 2001 (sur 63 992 tonnes), la production française des laiteries se différencie de celle des autres pays méditerranéens, le plus souvent issue de lait de mélange (vache, brebis, chèvre).

Pays des fromages par excellence, la France compte une multitude de variétés différentes de fromages de chèvre.

La quasi totalité de ces fromages contient 45% de matière grasse (calculée sur l'extrait sec).

Parmi elles, dix AOC, appellations d'origine contrôlée :

Pâte molle à croûte naturelle :

chabichou du Poitou AOC, chabis, crottin de Chavignol AOC, crottin, pouligny-saint-pierre AOC, ambert ou crottin d'Ambert, bouton de culotte, charolais, mâconnais, pélardon AOC, picodon AOC, rigotte de Condrieu, rocamadour AOC, cabécou du Périgord ou d'Autan

Pâte molle à croûte fleurie :

persillé des Aravis

Pâte molle à croûte lavée :

chevrotin, banon

Pâte pressée non cuite :

tomme de Corse, tomme de chèvre

Fromages frais :

chèvre frais, faisselle de chèvre


Les bons usages

Les fromages de chèvre peuvent se déguster seuls, en fin de repas, en en-cas, en sandwich ou amuse-gueule.
On préférera alors le fromage frais ou peu affiné. 
 

En dehors du crottin chaud, une recette d'origine berrichonne, qui a connu un fulgurant succès, on peut utiliser les chèvres en cuisine.
Ils se comportent très bien dans les gratins (additionnés d'un peu de lait), les terrines de légumes (poivron rouge, bette, épinard), les farces et les quiches.

A l'apéritif

Proposez sur des piques des rondelles de bûchette ou des dès de crottin roulés dans du poivre, du paprika ou macérés dans l'huile d'olive au basilic

En hors-d'oeuvre

Petit palet, crottin de chèvre chaud sur du pain grillé. Essayez-le sur une tranche de pomme Granny passée au four

Dans les plats

Chèvre frais assaissonné et mélangé à des fines herbes en accompagnement d'un poisson vapeur ou d'une grillade.
En remplacement du parmesan, un chèvre très sec, râpé sur des pâtes.
Dans une omelette, ajoutez aux oeufs battus, une cuillère à soupe de lait, du chèvre frais coupés en dés, du basilic ou de la menthe fraîche.

En salade

En duo tomates-fromages de chèvre frais. Pour les sauces de salade légères, du chèvre très frais.


Ces préparations modernes ne doivent pas faire oublier certaines recettes régionales : le brocciu frais, demi-sec ou sec particularise la cuisine corse. On le trouve dans les apprêts farcis (tourte aux anchois, raviolis, pâtés, beignets, omelettes...) et dans la pâtisserie. On lui associe souvent les herbes du pays, menthe, thym, basilic...

Les raviolis, garnis de viande, de brousse de chèvre et de bettes, les lasagnes au chèvre s'apprécient aussi en Provence, autre pays de soleil. Le Berry nous a donné son truffiat, petit pâté au fromage blanc de chèvre ; dans le Poitou, on déguste le chabi chaud (nom générique de certains fromages de chèvre) conservé dans de l'huile aux plantes aromatiques et on fait le tourteau fromager avec le lait caillé frais.


Mythes et réalités

Le lait de chèvre peut constituer une alternative intéressante pour les enfants intolérants au lait de vache ?

Vrai : Des expériences menées en milieu hospitalier ont donné d'excellents résultats. Mais des allergies croisées (aux protéines bovines et caprines), même si elles sont rares, peuvent se produire.

Le lait de chèvre présente des caractéristiques spécifiques ?

Oui : C'est une source de protéines d'excellente qualité, contenant tous les acides aminés essentiels. Sa fraction lipidique, composée à 98% de triglycérides, est caractérisée par sa richesse en acides gras à chaîne moyenne. Elle présente un intérêt nutritionnel incontestable.
Sa composition minérale est proche de celle du lait de vache. Ses teneurs en phosphore et calcium sont un peu plus élevées ; en revanche, il est beaucoup plus riche en potassium et en magnésium.


Source : La maison du lait